Article rédigé par
Catherine Conan, diététicienne
Depuis des années, afin de préserver les personnes
atteintes de diabète de type 2 des complications vasculaires et des variations
de glycémie, beaucoup de professionnels de santé adoptaient classiquement un
régime hypocalorique parfois sévère (portant surtout sur la réduction des
graisses et conduisant alors à une plus grande consommation de glucides) se
traduisant par la non observance du régime donc à un échec. Pour obtenir des
résultats et couvrir les besoins nutritionnels, il est préférable d’envisager des
corrections ciblées plutôt que la mise en place d’un régime draconien, comme
par exemple l’arrêt du grignotage, la réduction de boissons sucrées et la
préconisation d’une activité physique. L’objectif est d’obtenir une réduction
pondérale couplée à de bonnes habitudes alimentaires. L’alimentation doit être
équilibrée quantitativement mais aussi qualitativement. Mais ces
recommandations nutritionnelles sont-elles suffisantes pour obtenir une perte
de poids conséquente ? Faut-il dépasser ces notions ?
Qu’est-ce qu’un régime
pauvres en glucides ?
Aujourd’hui, devant les difficultés à obtenir une
perte de poids significative chez les patients atteints de diabète de type 2,
de nouvelles études mettent en avant la réussite de la mise en place des
régimes pauvre en glucides au détriment des régimes pauvres en graisses. En
quoi consistent-ils ? Sont-ils réellement efficaces ?
Ces régimes consistent à mettre en place une
alimentation pauvre en glucides (25% de l’apport calorique total contre 50 à 55
% dans le cas d’une alimentation équilibrée ou dans le cas d’un régime pauvres
en graisses), riche en protéines couplée à un programme d’activité physique. On
obtient alors une amélioration de la glycémie et en particulier de la glycémie
postprandiale (après les repas), des triglycérides sanguins, une diminution de
la tension artérielle et la fonction diastolique du ventricule gauche se
normalise1. Sans oublier que la prise de médicaments antidiabétiques accompagnant
traditionnellement le régime est allégée sans incidence particulière sur la
glycémie !
Cependant, ces régimes ont leurs limites puisque la perte de poids n’est pas
plus importante que dans le cas d’un régime pauvre en graisses et des risques
de carences nutritionnelles ne peuvent être ignorés. Par conséquent, des études
complémentaires s’avèrent nécessaires. Mais quels sont ces régimes ?
Le régime à index glycémique
bas
Afin de maîtriser au mieux la glycémie et de favoriser la perte
de poids tout en douceur, le régime à index glycémique bas repose sur la consommation
d’aliments glucidiques à faible index glycémique2. C’est le cas des
pâtes cuites « al dente », des légumes secs… Facile à mettre en place, il
permet une meilleure observance de la part des patients. Mais les études sur le
sujet se montrent discordantes concernant les résultats sur la normalisation
des constantes sanguines (glycémie, hémoglobine glyquée) chez le diabétique de
type 2. En effet, qui peut prévoir la tolérance glycémique d’un patient ?
Notons
également que le pouvoir d’un aliment à augmenter ou diminuer la glycémie ne
dépend pas uniquement de la nature et de la quantité de glucides consommés.
Plusieurs facteurs sont à prendre en considération : la présence de
lipides, de protéines, de fibres, du mode de cuisson… Et c’est là, la grande difficulté
!
Les régimes controversés
Les régimes pauvres en glucides communément appelés «
low carbs » font l’objet de nombreuses controverses. Ils mettent en avant une
réduction de la consommation de glucides faisant par la même occasion la part
belle aux lipides et protéines ! Pour ses adeptes, la perte de poids est
assurée ! Pour d’autres, ces régimes préviendraient l’apparition du diabète de
type 2.
Mais restons très vigilants quant à la mise en place
de ce type de régime et surtout ne pas le suivre sans avis médical. Même si on
obtient une perte de poids et une amélioration des constantes sanguines … c’est
très séduisant mais il n’en reste pas moins que l’organisme est mis à rude
épreuve et que ces régimes sont sources de contraintes nécessitant non pas un
changement mais un bouleversement des habitudes alimentaires !
Citons les plus connus :
- Le
régime très hypocalorique frôlant les 600 Calories/jour et qui ne laisse
que peu de place aux glucides ! En apparence, il est épatant puisque les
résultats sur la perte de poids sont très rapides et encourageants mais il
ne faut pas perdre de vue que ce régime est dangereux pour l’organisme
s’il est suivi à long terme (atteinte rénale…), qu’il est très difficile à
suivre de par sa monotonie et surtout… la reprise de poids est assurée dès
l’élargissement des rations, doublée d’une prise additionnelle de poids !
En ce qui concerne les effets sur le maintien glycémique et l’hémoglobine
glyquée à long terme, du recul et des études complémentaires sont
nécessaires.
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- le
régime Atkins, décrié pendant de nombreuses années, repose sur la
restriction glucidique, l’augmentation de la ration protéique et … on
oublie les calories. Et ça fonctionne…tout au moins au début mais c’est
sans compter son panel de complications !
- le régime
paléolithique ou ancestral (3), tout aussi monotone que le précédent, est
basé surtout sur une consommation d’aliments non manufacturés, riches en
protéines, pauvres en glucides… sans compter les calories. On arrête de
manger quand on est rassasié !
Avant d’avancer une réelle efficacité de tels régimes chez les patients
atteints de diabète de type 2, il est nécessaire de se baser sur des études
complémentaires. Pour l’heure, il est préférable d’adopter une alimentation
équilibrée adaptée au patient, à ses goûts…. certainement plus sécuritaire sur
le plan santé. C’est à l’heure actuelle le régime le moins contraignant avec
des résultats à la hauteur des espérances comme un bon maintien de la glycémie
et la réduction des complications cardiovasculaires !
SOURCE : passeport sante