L'automédication est de plus en plus pratiquée dans les pays
occidentaux. Près de 85% des français recourent aux médicaments sans ordonnance
contre moins de 79% en 2000 selon une étude de l'AFIPA. La plus grande facilité
à se procurer des médicaments en vente libre et la difficulté d'accès à un
médecin de famille dans certaines zones encourageraient cette pratique qui peut
s'avérer dangereuse...
Qu'est ce que l'automédication ?
Tous les maux ne méritent pas une consultation médicale et il
est souvent légitime de vouloir gagner du temps en se soignant par soi-même.
C’est le principe même de l’auto-médication. Elle consiste à se procurer des
médicaments non remboursables, sans
prescription, et conseillés
par le pharmacien pour soigner des petits maux tels que le rhume, une migraine
ou des troubles digestifs passagers… Utilisée de cette manière, elle permet de
soulager des symptômes simples sans attendre une consultation médicale.
Malheureusement,
lorsqu’elle n’est pas « responsable », l'automédication peut être une
source importante de dangers, par exemple, en cas d’achat sur Internet ou
en cas de réutilisation d’un médicament prescrit préalablement sans
l’autorisation d’un médecin.
Comme il y a souvent une « sur-prescription » de médicaments, et comme les laboratoires
conditionnent les médicaments dans des boîtes qui contiennent parfois plus
qu’un traitement, l’usager peut se constituer un stock. La tentation est alors
forte de se « servir » dans la pharmacie familiale pour guérir un
symptôme déjà connu, et d’utiliser des médicaments loin d’être anodins comme
des anxiolytiques, des antibiotiques ou des anti-inflammatoires. Il s’agit
d’un mésusage fréquent qu’il faut absolument bannir.
Qu'est ce qu'un médicament
d'automédication ?
Quand les symptômes se
prêtent à l’automédication, il convient d’utiliser les médicaments
appropriés. Ils sont censés ne présenter aucun danger direct ou indirect, même
s’ils sont utilisés sans surveillance médicale, pourvu que les doses
thérapeutiques recommandées soient respectées. C’est la raison pour laquelle
ils ont reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) par l’Agence
française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS).
Ainsi, tout médicament
utilisé en automédication doit présenter les caractéristiques suivantes :
- Contenir une substance active adaptée à
l’automédication avec un rapport efficacité/sécurité intéressant.
- Fournir dans sa notice une information au patient
lui permettant de juger de l’opportunité du médicament et de comprendre
facilement son mode d’utilisation.
- Être utilisé dans le cadre d’une indication
relevant d’une prise en charge par le patient seul.
Pour toutes ces
raisons, les médicaments d’automédication peuvent être utilisés sans
l’intervention d’un médecin et sont donc disponibles sans ordonnance.
Au Québec, parmi
les médicaments accessibles sans ordonnance, on distingue ceux qui sont en
vente libre « derrière le comptoir » (c’est le pharmacien qui doit
donner son accord), des médicaments en vente libre « en pharmacie ».
Quels sont les précautions à
prendre ?
Être attentif : se conformer scrupuleusement à la posologie
en consultant la notice. Il ne faut pas négliger par exemple les indications
telles que « prendre au milieu du repas ». Attention également à la date de
validité si le médicament est issu de l’armoire familiale.
L’automédication
est fortement déconseillée pour les femmes enceintes ou allaitantes, les
personnes atteintes de maladies chroniques, les nourrissons et les enfants.
L’utiliser
sur une période courte : le traitement ne devrait pas excéder 5 jours,
sauf exceptions particulières (sevrage tabagique par exemple). Dans tous les
cas, il convient de consulter son médecin au plus vite en cas de persistance ou
d’aggravation des symptômes.
Surveiller
les interactions et prendre garde aux contre-indications. Il est toujours bon
de demander conseil à son pharmacien et de lui préciser les autres traitements
en cours afin d’éviter les interactions. L’alcool perturbe l’effet de nombreux
médicaments, l’idéal est de s’abstenir les jours de prise.
Ne jamais
réutiliser des médicaments précédemment prescrits sur ordonnance.
Bien
ranger les médicaments, hors de portée des enfants : les produits
d’automédication peuvent être dangereux.
Appeler
vos médicaments par leur DCI (dénomination commune internationale). Il s’agit
du nom du composé actif du médicament, différent du nom de la marque. Par
exemple, Doliprane et Dafalgan sont des médicaments similaires qui ont le même
principe actif dont la DCI est le paracétamol. Cette habitude permet de
comparer les prix (librement fixés en cas de vente libre) et de ne pas se
tromper à l’étranger.
Y a-t-il quand même des risques
?
Malgré leur mise sur le marché, certains médicaments laissent
sceptique. L’ANSM a ainsi
publié récemment une mise en garde sur les risques potentiels des médicaments antirhume. « Des données actualisées de pharmacovigilance font état d’effets indésirables cardio-vasculaires et neurologiques, exceptionnels mais graves,
avec les décongestionnant qui renferment un vasoconstricteur »,
prévient-elle. Sont concernées les spécialités orales à
base de pseudoéphédrine : Dolirhume, Humex rhume, Actifed rhume, Nurofen rhume pour la France, Sudafed, Tylenol, Pseudo-Ephedrin pour le Québec.
Les autorités
sanitaires françaises ont interdit il y a quelques années d’autres
vasoconstricteurs utilisés contre le rhume. Selon l’ANSM, elles auraient tout
intérêt à se pencher rapidement sur ces produits contenant de la
pseudoéphidrine. En cas de rhume, il est préférable de procéder à un lavage du
nez au sérum physiologique, et d’attendre que les symptômes disparaissent
d’eux-mêmes…
L'aspirine
aussi en cause
Le
professeur Jean Paul Giroud, pharmacologue et auteur d’un guide grand public de
l’automédication1, recommande
également de se méfier de l’aspirine. Pour lui, elle serait responsable de
nombreuses interactions et effets indésirables, notamment lorsque l’on prend
déjà un traitement anticoagulant ou hypoglycémiant : mieux vaut lui
préférer le paracétamol « aussi efficace et sans danger ». A
condition bien sûr de respecter les dosages indiqués sur la notice…
Les principaux usages de
l'automédication
Allergies, rhumes des foins :
Antihistaminiques.
Quand : A prendre dès les premiers
symptômes s’il s’agit d’une rhinite déjà identifié.
Conseils : Réfléchir à une éventuelle
désensibilisation avec le médecin.
Brûlures d’estomac : Antiulcéreux
Quand : En cas de brûlures
occasionnelles.
Conseil : Si la douleur ne passe pas
rapidement, ou qu’elle revient fréquemment, il faut consulter.
Constipation : Laxatifs
Quand : En cas de constipation chronique
connue de longue date.
Conseil : En cas de changement récent
d’état du transit, mieux vaut consulter.
Diarrhée : Antidiarrhéiques
Quand : Si elle est ponctuelle et sans
complications.
Conseil : Si elle dure plus de deux
jours, ou si elle fait suite à un retour d’un pays tropical, la consultation
d’un médecin est indispensable.
Douleur : Antalgiques (aspirine,
paracétamol, ibuprofène)
Quand : Si la douleur est ponctuelle, et
due à une cause sans gravité.
Conseil : Toute douleur suspecte ou
intense nécessite une consultation.
Exemple : Efferalgan.
Jambes lourdes : veinotoniques
Quand : Si la douleur persiste malgré
une petite marche à pied ou l’usage de collants adaptés.
Conseil : Une consultation annuelle est
recommandée pour surveiller les possibilités de varices ou de phlébite.
Exemple : Daflon.
Migraine : antalgiques (aspirine,
paracétamol, ibuprofène)
Quand : Dès le départ de la crise.
Conseil : Il ne faut pas prendre la
mauvaise habitude de prendre des antalgiques à chaque migraine, il existe des
médicaments plus spécifiques accessibles sur ordonnance.
Règles douloureuses : antispasmodiques,
antalgiques
Quand : Si la douleur est déjà
diagnostiquée.
Conseil : Il faut éliminer une
endométriose (prolifération de tissus de la muqueuse utérine en dehors de
l’utérus).
Toux : antitussifs
Quand : Si la toux débute lors d’un refroidissement,
sans fièvre ou autre symptôme inquiétant.
Conseil : Si les symptômes lors d’une
épidémie de grippe, la consultation est indispensable.
source: passeport sante
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